Urgences et gros son, mélodies déstructurés et puissance binaire, il y a chez les Von Pariahs une envie devenue évidence, celle d’échapper à la monotonie de leur quotidien, mais aussi une filiation. Cette urgence stylistique, on l’avait déjà rencontré chez les Sloy notamment. Détail amusant, tous deux étaient des enfants du punk-rock. L’histoire a beau se répéter, on ne se lassera jamais de ces claques vivifiantes, car elles redonnent espoir. Le rock made in France a encore de beaux jours.


Qu’avez-vous écouté avant d’enregistrer ce disque ?
– Théo : Beaucoup de groupes, des années 1960 jusqu’à aujourd’hui. Il y a un groupe sur lequel on est tous d’accord c’est les Beatles. Ça je pense que c’est un enseignement à vie.
– Sam : On a beaucoup écouté de punk, les Buzzcocks, les Sex Pistols, Richard Hell.
– Théo : Les Undertones, Iggy Pop et les Stooges. Après on a écouté beaucoup de choses, je pense à Jesus & Mary Chain forcément,
– SM : Et puis dernièrement c’est beaucoup de musique des années 1990 comme Primal Scream, Ride, Happy Monkeys.
– Théo : Et puis on est assez friands de nouveautés : Il y a l’album de Protomartyr qui nous a beaucoup touchés « No Passion All Technique » qu’est un truc génial je trouve. Fidlar leur premier album aussi..
– Sam : On écoute beaucoup de musique mais quand on compose c’est un peu inconscient ces références, forcément ça fait partie de notre musique, mais moi quand je compose une ligne de chant j’essaye vraiment de me vider la tête de toute référence. Je ne pense pas à un groupe ou un chanteur en particulier, j’écoute ce que fait Théo à la guitare et ça m’inspire des choses, je laisse le truc venir naturellement. Et si ça ne me plait pas je ne vais rien trouver, mais ça m’arrive rarement.

Il n’y a pas de connexion bretonne ou française ?
– Théo : Si c’est juste qu’on les a oublié, Marquis de Sade, qu’on a découvert sur un extrait d’émission de de Caunes à l’époque de Chorus sur internet, ils coupent le morceau en plein milieu car il y a un problème technique et ça a attiré notre curiosité. Du coup on est allé écouter les albums qu’on a beaucoup aimé, il y a les Thugs qu’on apprécie énormément, Sloy évidemment, Métal Urbain, Oberkampf…
– Sam : S’il fallait que je rajoute quelques chanteurs je dirais Serge Gainsbourg et Jacques Dutronc, que j’ai découvert quand je suis arrivé en France et vraiment apprécié.

Tu es né à Jersey c’est ça ?
– Sam : Oui et je suis Britannique. Je n’ai pas encore la nationalité française, je suis arrivé à 9 ans, en CM1, j’ai mis un an à assimiler la langue, je ne prenais pas mes cours avec tout le monde, je faisais uniquement du français et voilà.

Comment est né le groupe?
– Théo : On n’était pas au bahut ensemble, on s’est rencontré au centre de loisirs de Foussais-Payré, c’est genre 2.000 habitants et 5.000 vaches. On a commencé à répéter dans le garage de mes parents, ils n’étaient pas du tout dans la musique, mais très sensibles à l’univers musical. C’est mon père qui m’a inculqué mes bases de punk et de rock anglo-saxon, et ma mère m’a inculqué le plaisir de la musique dans le sens pratique du terme. J’ai commencé à la musique assez tôt, la guitare à 6-7 ans, c’est ma mère qui me faisait réviser, et donc mes parents qui m’ont encouragé à continuer. Du coup quand Sam est arrivé en France, ses parents retapaient la ferme à côté de celle de chez mes parents, c’est comme ça qu’on est rencontré. C’était en 1999, il n’y avait pas encore beaucoup d’anglais dans notre village, et moi je savais que dans la famille il y avait un garçon de mon âge. Je suis allé discuter avec lui.  
– Sam : Théo est venu vers moi et il a commencé à me parler en anglais. Il avait fait l’effort, c’était sympa. On a tout de suite sympathisé.

Le groupe commence comment ? Ça prend combien de temps?
– Théo : Avec Guillaume le batteur on a eu plusieurs groupes tendances punk-rock avant, mais là l’idée c’était de faire de la brit pop. A l’époque on écoutait beaucoup le premier Arctic Monkeys, le Strokes, ce genre de trucs.
– Sam : Moi je suivais ça de loin, j’avais envie de me joindre à eux mais je n’en parlais pas forcément. Et puis Théo a eu ce projet de groupe, avec la copine de Guillaume qui faisait de la gratte, il leur manquait un chanteur et j’ai dit oui.
– Théo : Ce groupe existe depuis quatre ans environ. Mais justement la formation dont il parle c’était trois ans avant, ça a donc pris un peu de temps quand même.

Comment avez-vous enregistré ce disque ?
– Théo : On l’a enregistré dans un studio qui s’appelle Black Box à Angers avec un ingénieur du son qui s’appelle David Odlum qui est Irlandais (NDR : mythique studio fondé par Iain Burgess et Peter Deimel en 1993). Jennifer qui nous a donné un coup de main sur la presse au début nous l’a présenté, on lui a fait écouter nos prémaquettes, et on a enregistré ensemble notre single sorti pour le Printemps de Bourges 2012 (le CD « Someone New » / « Skywalking« ). Et comme on a bien aimé le résultat c’était une évidence de faire l’album avec lui. Une fois toutes les musiques enregistrées, Sam a passé six jours avec Michael Declerk, notre ingé son live, pour les voix. On voulait prendre le temps de poser les choses, de faire ressortir les émotions que l’on ressentait.

Est-ce une auto-prod ? Combien ça coûte en gros ?
– Théo : C’est une auto-prod à la base, mais aujourd’hui les bandes appartiennent à notre label Yotanka avec lequel on a signé. Quand on rentre en studio c’est financé par nous, par l’argent mis de côté grâce à nos concerts notamment. C’est aussi l’une des raisons pour lesquelles ça a pris autant de temps, parce qu’il n’y avait pas vraiment de label intéressé par notre musique à la base, aussi parce qu’on avait envie de quelque chose de qualité, il fallait donc y mettre les moyens.
– Sam : Chez Black Box ça coûté environ 1.200 euro par jour.
– Théo : Le budget de ce disque tourne aux alentours de 10.000 euro.

Est-ce qu’il y a une scène active en Bretagne ?
– Théo : A Nantes, on s’est rendu compte qu’il y avait beaucoup plus d’opportunités qu’en Vendée, c’est pour cette raison qu’on s’y est installé.

Quels sont ces endroits ?
– Théo : On a joué au Chien Stupide, c’est un bar,
– Sam : C’était à la Fête de la Musique en extérieur, c’était blindé.
– Théo : Il y a le BPM, c’est une cave mais qui ne fait plus de concerts électrifiés maintenant parce qu’ils ont eut des tas de problèmes avec les voisins. C’était tout petit, 50 places, mais toujours bondé.
– Sam : Les ateliers de Bitche
– Théo : Qui sont des entrepôts désaffectés, certains associations décident d’en faire la déco pour une semaine ou deux. Les ateliers ne font pas que des concerts, mais des soirées, des happenings, souvent de qualité. J’ai voulu allé voir Lydia Lunch récemment mais c’était hélas complet. On y a joué dans un festival organisé entre Brest et Nantes, il y avait des groupes de Brest qui venaient jouer à Nantes, et quelques jours plus tard c’était l’inverse. On a joué au Stakhanov qui tire son nom des ouvriers russes, un club racheté par des fans de rock qui voulaient dynamiser le centre de Nantes.
– Sam : C’était minimum trois concerts par semaine, ils ont tenu ça pendant plus d’un an.
– Théo : Comme c’était une ancienne boîte de nuit il n’y avait pas de problème de tapage nocturne, mais aujourd’hui dans le centre ville de Nantes il n’y a plus de lieu. On est tombé à la bonne période.

Et le public ?
– Théo : Notre manager nous disait qu’à Nantes c’était le meilleur public qui soit car il se déplace avant de juger. A notre échelle c’est difficile de comparer, oui il y a souvent des gens que l’on connaît, mais en général le public est friand de découvertes.

Le nom vient d’où au fait ?
– Théo : En fait on est tous tombé d’accord, car à la base quand on a décidé de s’appeler les Von Pariahs on était encore en transition entre la Vendée et la Bretagne. Foussais-Payré c’est en Vendée, mais en fait on dit souvent qu’on s’est tous rencontré à Fontenay-le-Comte qui est la ville à côté, ça c’était pendant l’adolescence. On a fait plein de concerts en Vendée avant de venir à Nantes. Donc on était encore en transition, on jouait souvent dans des petits bars, et en Vendée, il y a deux styles prédominants c’est le reggae scène festive ou la scène métal. Entre les deux, le vide. Ce que je voulais avec ce nom-là c’est que dés l’affiche les gens réagissent et se disent : OK, Von Pariahs, là ça va être autre chose ! Ça va être du rock, les pariahs c’est ceux qui n’appartiennent ni à la scène reggae ni à la scène metal.

Christian Eudeline

 

Retrouver Von Pariahs sur scène

En Bretagne
21/11/13 Ubu – Rennes 
22/11/13 Le Quai des Arts – Pornichet
23/11/13 Le Coatélan – Morlaix

En France
04/10/13 La Nef – Angoulême (16)
05/10/13 Le Café Charbon – Nevers (58)
10/10/13 La Cigale- Les Envolées #4 – Paris (75)
11/10/13 Festival Nancy Jazz Pulsations – Nancy (54)
12/10/13 Le Confort Moderne – Le Circuit « Club Rock » – Poitiers (86)
18/10/13 Ouest Park Festival – Le Havre (76)
19/10/13 Le Noumatrouff – Mulhouse (68)
23/10/13 La Vapeur – Dijon (21)
24/10/13 La Fourmi – Limoges (87)
25/10/13 Le Fil – St Etienne (42)
08/11/13 La Sirène – La Rochelle (17)
09/11/13 Festival Les Z’Éclectiques – Cholet (49)
16/11/13 Festival Bebop – Le Mans (72)
27/11/13 Le Bootleg Club  – Bordeaux (33)
28/11/13 Le Korigan / Festival Tour du Pays d’Aix – Aix en Provence (13)
29/11/13 Gala Centrale – Marseille (13)
04/12/13 La Péniche – Ground Zero Festival – Lille (59)
05/12/13 La Lune des Pirates – Amiens (80)
06/12/13 La Cartonnerie – Reims (51)
07/12/13 Le Forum – Charleville Mézières (08)
12/12/13 Le Chabada Club – Angers (49)
13/12/13 Le Chatodo – Blois (41)
14/12/13 Le Fuzz’Yon – La Roche Sur Yon (85)
18/12/13 La Coopérative de Mai – Clermont-Ferrand (63)
19/12/13 La Bobine – Grenoble (38)
20/12/13 Le Ninkasi – Lyon (69)

Chronique de l’album « Hidden tensions »
Ecouter Von Pariahs

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