Quoi de NEUF Mr Gauguin ? HermineHermineHermineHermine

Pas mal de choses ! Par exemple, fin du mystère sur le lieu d’inhumation de Clovis Gauguin, son père. Du neuf, en voilà ! La chercheure Caroline Boyle-Turner a tournicoté autour de la planète jusqu’au Chili, quatre ratiches à Paul  in her pocket de sorte que, passant les douanes discrètement et sous les portiques la poche close et le mouchoir dessus, l’adn des quenottes finisse par raconter le fin mot de l’histoire. Voilà qui fignole le portrait du peintre et de son ascendance, dernière demeure comprise.


Quoi de NEUF Mr Gauguin ?

Voilà qui ne fait pas que nous donner sa moyenne jour de consommation d’absinthe et, ce faisant, dément que l’artiste des peaux d’ambre et des bouches tristes n’était pas perclus de cirrhose ni forcément, comme on l’a trop décrit, bouffé de syphilis. Démenti aussi.

On en apprend bien d’autres car le livre que les éditions Vagamundo logées à Pont-Aven sortent ces temps-ci angle sur les vingt derniers mois de Paul Gauguin. On croyait connaître presque tout de l’auteur de l’annonce après le sermon, on croyait que rien ne nous manquait sauf tout ce que ce livre nous précise, complétant et complexifiant le tableau de Koké (Gauguin en marquisien) en un quasi polar sur la fin du peintre aux Marquises.

Le livre s’avère aussi le portrait en creux des Marquises, l’étape après Tahiti, poussant le peintre au plus lointain de sa quête d’exotisme. Il est allé au plus loin, cherchant l’impossible et la liberté, cherchant la forme et des plus incarnées, le Jouir et sa maison. Gauguin apparait avec ce livre encore et toujours un drôle de type.

Cet énergumène insupportable, chasseur, prédateur, buveur, hâbleur, père de famille affamé de femmes et de formes, anticlérical roublard, moins anticolonialiste (dur à cette époque) que colon critique. Caroline Boyle-Turner remet, comme on le dit en peinture, en perspective le champ sociétal de  l’époque. Force est de vérifier, nous avons assisté récemment à une conférence de Caroline Boyle-Turner à Pont-Aven que Gauguin suscite encore autant de haine que d’éloge, peu d’empathie ! Match féroce qui donne Gauguin contre Van-Gogh, le riche contre le pauvre, l’employé de banque contre le frère d’infortune, le délaissé d’Arles contre le voyageur égotiste.

Le livre nous donne à mieux percevoir un personnage en fin de parcours,  malade, cherchant dans son lointain ce qui s’assemble à sa propre étrangeté, fuyant les hommes qu’il aime à regarder, s’isolant, trouvant dans les couleurs ou le bois qu’il sculpte où calmer le pulsionnel. Caroline Boyle-Turner détaille le foisonnement créatif de ces derniers mois, les tableaux sont montrés, analysés, historicisés.

L’iconographie composée par l’auteure est riche, croisant l’aujourd’hui et la temporalité du peintre, fournissant des interprétations et souvent, c’est la force de l’ouvrage, preuves à l’appui.

Vagamundo a fabriqué mieux qu’un bel ouvrage, une œuvre de Gauguin !

Gilles Cervera

A noter que le livre est sorti en deux éditions : l’une en français dans la traduction de Belem Julien, l’autre en anglais (version originale) : Paul Gauguin & the Marquesas: Paradise Found ?

Pour commander l’ouvrage

Paul Gauguin & les Marquises : paradis trouvé ? de Caroline Boyle-Turner, préface de Maria Gauguin, éditions Vagamundo, 256 pages, 44 €.

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Edito

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