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Phantom Thread est une romance vénéneuse entre un grand couturier et une jeune serveuse. Il serait dommage de passer à côté de l'un des plus beaux films de ce début d’année.


Phantom Thread

L’histoire commence, lente et engourdie, presque paresseuse, puis elle s’accélère après la rencontre avec Alma (interprétée par Vicky Krieps), véritable héroïne du film, reléguant presque Daniel-Day Lewis à un second rôle de couturier riche et célèbre : Reynolds Woodcock. Très vite, la nature de la relation entre Alma et Woodcock interroge.

 Il y a du Hitchcock dans Phantom Thread (Vertigo, Rebecca, Soupçon), et même du Joseph Losey (The Servant). Quant à la musique de Jonny Greenwood, elle s’inscrit en personnage incontournable. Dans certaines scènes, les mots n’ont plus aucune importance, au bénéfice subtil d’un geste ou d’un regard baigné d’une mélodie lente et gracieuse. Puis il y a les silences. Aussi. Qui tiennent un rôle majeur car toute musique est silences et, comme le souligne l’immense Douglas Sirk, les mélodrames sont « la rencontre d’une musique et d’une image ».

Dit comme ça, c’est presque trop. Il n’est toutefois pas ici question de lenteur contemplative, le sujet ne s’y prête pas, bien que la mise en scène de Paul Thomas Anderson ressemble à un ballet de l’aristocratie anglaise.

Suranné, corseté, figé, Reynolds Woodcock évolue dans un univers physique et psychologique à l’image de ses robes. Mais Phantom Thread n’est pas un film sur la couture, ni sur la création. Peut-être est-il l’évocation floue de la mémoire que l’on accorde à nos défunts (la mère de Reynolds) manipulée par nos proches (sa sœur), peut-être, mais il est avant tout essentiel d’y voir un film sur la patience et l’amour. La patience de l’amour.

Le « Fil » du scénario est celui des flash-back d’Alma qui tisse une toile, lentement et avec détermination, afin d’y piéger Reynolds et sa sœur. L’histoire n’est jamais doucereuse malgré l’ambiance d’une époque révolue, elle est au contraire vigoureuse, nette et régulière, tirée au cordeau.

Phantom Thread s’achève comme il a commencé. Lent et engourdi. Entre temps l’amour est devenu vénéneux. C’est à dire source de vie. Enfin.



Un film de Thomas Anderson avec Daniel Day-Lewis, Vicky Krieps, Lesley Manville…

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Edito

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