La boucherie des amants de Gaetaño Bolán HermineHermineHermineHermine

Lire est un plaisir difficile à cerner. Il faut trouver le livre qui saura nous séduire, trouver le temps de s'échapper complètement - beaucoup de loisirs n'empêchent pas de suivre une conversation, de surveiller son téléphone ou de grignoter quelques bêtises...Lire, c'est sacrifier tout le reste ! 


La boucherie des amants de Gaetaño Bolán

Et cela demande de la concentration : suivre les lignes mais aussi le fil de la pensée de l’auteur… Et ces pages agaçantes qui ne se tournent pas ou viennent à plusieurs ! Alors pourquoi ? Parce que c’est encore la plus belle manière de voyager par l’imagination, de s’immerger totalement dans des nouveaux mondes qu’on regrette parfois de quitter. « La Boucherie des amants » est un petit monde qui nous adopte tout de suite. Il faut souvent s’accrocher durant quelques chapitres avant de s’attacher aux personnages et d’entrer dans l’histoire pour de bon, mais ce n’est pas le cas ici. Nous sommes Tom, fils aveugle du boucher d’un village chilien, et nous n’avons jamais connu maman, mais nous ne sommes pas tristes. On ne peut pas être triste de la mort de quelqu’un qu’on n’a jamais vu et qu’on n’aurait, de toute façon, jamais pu voir. Elle existe différemment, maman. Elle habite notre cœur et nous guide à sa façon. Nous allons raconter la vie comme elle vient, les histoires du village, nos peurs, nos espoirs, nos rires et nos bêtises et, à travers nos mots d’enfant qui voit avec ses sens, se dessineront peu à peu des figures et des destins, des amours tendres et des chagrins dont on n’a même pas conscience. Nous on est un gosse, on s’en fiche, on joue et on aime et on rêve très fort. Et dans le noir de notre regard plein d’espoir, on ne verra pas l’ombre d’abord lointaine puis menaçante d’une dictature ignoble, d’un jeu d’échecs pour les grands qu’on va devoir subir quand même. C’est que la jolie maîtresse Dolores et papa derrière ses viandes ont tous les deux un grand secret. Peut-être deux. 
Mais les secrets ça on peut pas le dire tout fort, faudra lire si vous voulez savoir. On s’appelle Tom et dans notre noir y’a plein de soleils. 



Le Livre de poche, 91 p. 4,50 euros

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Edito

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