Disques à GoGo s’installe à Guingamp

Et si la rue de la Trinité incarnait le rock à Guingamp ? Après la brasserie artisanale Distoufer et ses fréquents concerts, la boutique Disques à GoGo redonne espoir à tous les amateurs de vinyles. Rencontre avec son patron, Frédéric Giuntini.

C’est un passionné et un fin connaisseur de la musique qui œuvre à la destinée de Disques à GoGo. Le clin d’œil à la Motown dans ses flyers est à lui seul un gage de confiance. « Je suis collectionneur et l’idée d’ouvrir un magasin germe depuis longtemps. » reconnaît Frédéric Giuntini. Pourtant, le métier de disquaire est loin d’être une vocation : « Je suis pêcheur. Ça reste mon activité principale. » Une double passion assez rare, surtout à Guingamp qui n’est pas un port de pêche. La cité est avant tout réputée pour ses élevages de cochons, son festival de la Saint Loup et son club de Foot, le célèbre En Avant de Guingamp qui a quelques temps tutoyé les meilleures équipes européennes. Ce qui reste un exploit pour une ville de 7000 habitants. Cependant la pêche occupe toujours Frédéric Giuntini. C’est pourquoi il ouvre uniquement deux jours par semaine, les vendredis et samedis. Les autres jours vous pouvez le croiser dans la baie du Mont Saint Michel où il pêche la palourde. « Mais j’ai aussi embarqué et fait des saisons de coques en Baie de Somme et en Normandie… J’exerce depuis 1997. » précise-t-il.

Pêcheur, disquaire et DJ

C’est à partir de sa collection orientée 60’s qu’il décide de franchir le pas. « J’ai commencé en achetant des 45t parce que je faisais un peu de DJ. ». Pêcheur, disquaire et DJ… Les secrets de Frédéric Giuntini sont bien gardés. Tout comme sa boutique qui ne dispose ni de site internet, ni de présence sur les réseaux sociaux. « J’ai imprimé quelques flyers pour l’ouverture. Les gens viennent par le bouche-à-oreille. » Précisons qu’avant l’ouverture, deux articles de la presse locale mentionnaient son ouverture prochaine. Avec les quelques affiches placardées ici ou là, la « puissante » communication a été efficace : les premiers clients sont venus d’assez loin pour l’ouverture le 23 juin 2023 : de Lorient, Saint-Malo et Auxerre même. De gros collectionneurs d’une façon générale. « Le gars d’Auxerre était content. Il a une collection de 10 000 disques et il est reparti avec une trentaine de pièces. » Côté prix, ça va du bac promo à 1€ le 45t à 3€ le 33t. Autrement de 6€ à 80€ pour le plus cher. « Mais j’ai en réserve, des trucs plus pointus. Je les sortirai au fur et à mesure. ».

Derrière les anciennes tireuses à bière

Une occasion supplémentaire de revenir dans ce lieu aussi riche en vinyles que sympathique et atypique pour un disquaire. C’est en effet un ancien bar que Frédéric Giuntini a transformé en disquaire. Avec l’intelligence d’avoir conservé le zinc en guise d’accueil. Et c’est en effet derrière les anciennes tireuses à bière rutilantes qu’on peut trouver le plus souvent le patron. « Mais attention, je ne vends pas d’alcool, ni aucune boisson ! » Pourtant deux tables immuables semblent rappeler le glorieux passé de l’établissement. De quoi poser ses 33t entre deux plongeons dans les bacs. Cependant, les quelque 4000 albums disponibles se trouvent dans une autre pièce en prolongement du bar. Juste à côté du… magnifique jardin un peu sauvage ! Ici, un grand choix de disques punk, new wave, jazz, chanson française, soul, reggae, l’électro, sans oublier le hard, le métal et évidemment de la pop et du rock, Disques à GoGo est un vrai généraliste. En revanche, 100% des disques sont d’occasion. « J’ai aussi pas mal de musique du monde, il y a beaucoup d’amateurs dans le coin. Et un gros stock de musique bretonne et irlandaise évidemment. »

Bière, foot et rock’n’roll !

Le magasin est encore discret : « Je n’ai pas reçu l’autorisation de poser le logo sur la devanture. » Guingamp est une ville chargée d’histoire « où on ne fait pas n’importe quoi. ». Une chose est d’ores et déjà certaine, c’est que cette adresse a tous les atouts pour devenir un lieu irrésistible au charme décalé et suranné que le patron entretient avec malice. Ajoutons à cela une culture musicale impressionnante, et vous avez le cocktail gagnant pour passer des heures heureuses entre deux matches de foot. N’oublions pas que la Bretagne est à une encablure de la Grande Bretagne aux cultures étrangement similaires : bière, foot et rock’n’roll !